Pour des raisons environnementales ou géopolitiques, il fait consensus aujourd’hui pour l’ensemble des acteurs de la société de sortir des énergies fossiles.

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Le gaz, pétrole et charbon sont en effet à la fois des forts catalyseurs du réchauffement de la planète, mais sont aussi par leur aspect indispensable dans l’économie de nos sociétés un facteur de cristallisation des relations internationales.

Ce sujet est de plus en plus présent dans l’actualité, avec des craintes pour la France et l’Europe de difficultés d’importation de ces énergies, que nous ne pouvons guère compenser localement, ayant peu de ces ressources disponibles dans notre sol.
Voici les principaux pays exportateurs de pétrole.

La transition environnementale paraît ainsi parfaite pour gagner en autonomie vis-à-vis de ces partenaires commerciaux actuels, en passant sur une énergie bas carbone issue des filières hydroélectrique, solaire, éolien et nucléaire, avec donc une évolution vers l’énergie électrique.
Ces énergies pouvant être produites localement grâce à nos centrales, éoliennes ou panneaux photovoltaïques, cela laisse envisager une plus grande stabilité dans l’approvisionnement de l’énergie, et donc une meilleure garantie de pérennité pour les acteurs économiques français et européens.

Or est-ce bien le cas ? Cette transition nous permet-elle une plus grande sécurité d’approvisionnement en énergie ?

Pour répondre à cette question, nous devons nous intéresser à ce qu’il faut pour obtenir cette énergie bas carbone, et bien évidemment d’où elle vient.

Un fonctionnement de la société basé sur une énergie électrique, notamment pour ses industries et ses transports, nécessite une capacité de stockage de cette énergie, pour l’utiliser au moment où nous en avons besoin. C’est bien évidemment le cas pour les énergies renouvelables que sont l’éolien et le solaire, mais aussi pour des cas d’usage de l’électricité ne permettant pas d’être branché sur secteur en continu, comme les moyens de transports ou nos téléphones portables.

Ce système de stockage se fait par des batteries, réalisées avec de nombreux, très nombreux composants. Guillaume Pitron, dans son livre « La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique », nous montre que, si les hommes n’ont exploité jusqu’à la Renaissance que 7 métaux, nous utilisons aujourd’hui plus de 80 éléments pour nos usages courants. La répartition sur le globe de ces composants indispensables est très inégale, et les pays les possédant seront en première ligne dans la mise en place de cette transition énergétique, et donc ont la clé pour la résilience de nos activités.
Guillaume Pitron dévoile dans son livre les acteurs de cette économie électrique, et notamment l’acteur incontournable pour certains de ces éléments nécessaires à la fabrication des batteries : la Chine.

Avec par exemple 55 % du vanadium mondial, 65 % du spath fluor, 71 % du germanium, 77 % d’antimoine, et jusqu’à 95 % de la production en terres rares, la Chine est en effet en situation de quasi-monopole pour nombre de ces éléments, et a donc un poids stratégique très important pour cette transition énergétique, beaucoup plus fort par exemple que les plus diversifiés pays exportateurs de pétrole mentionnés plus haut.

Alors que retenir de cette situation pour les entreprises ?

Tout d’abord, il paraît important de noter qu’à ces échelles de production et consommation d’énergie, l’énergie « verte » est un abus de langage. Toute énergie a ses avantages et ses défauts, ses pays importateurs et exportateurs.

Ensuite, qu’il est indispensable de prendre du recul sur les activités de l’entreprise pour évaluer celles qui sont les plus dépendantes énergétiquement, ce qui peut être fait en réalisant l’exercice du Bilan Carbone.

Enfin, suite à ces mesures réalisées, de se créer un outil de pilotage permettant de cibler les postes indispensables à rendre plus efficaces, et les postes qui peuvent être réduits, dans une optique de sobriété des coûts et des impacts.

Cela semble être une démarche indispensable pour pérenniser nos entreprises à l’heure d’un contexte énergétique, environnemental et géopolitique nouveau et plus incertain.